PASSAGER CLANDESTIN
d’après The Great disaster de Patrick Kermann
Création en septembre 2017 au Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières
Public adulte (à partir de 14 ans)
L’HISTOIRE
Voici l’histoire d’un berger, Giovanni Pastore, descendu de ses montagnes du Frioul, pour chercher du travail en Europe, et pour chercher « le paradis » sur terre. Il a pris le chemin de l’émigration, comme des millions d’italiens l’ont fait avant et après lui. Il a marché avec d’autres sur les routes de l’Europe, essayé de devenir français ou allemand, mais en vain. Et puis le 10 avril 1912, rêvant toujours de l’Amérique, il s’est embarqué à Cherbourg sur le Titanic. Il est engagé, clandestinement, dans l’un des restaurants du paquebot, pour nettoyer les 3177 cuillères à dessert destinées aux passagers de première classe.
Un théâtre de la mémoire et du présent
Passager clandestin sur le Titanic, Giovanni Pastore ne montera pas dans les canots de sauvetage, ne sera pas comptabilisé parmi les disparus. Par sa voix, Patrick Kermann dresse un panorama de l’Europe du XXe siècle. « Les références historiques sont précises et documentées, ce qui constitue un point de départ commun aux spectateurs : Le naufrage du Titanic, le jour et l’heure du naufrage, les articles de presse qui relatent l’événement… Mais il ne se bride pas à la vraisemblance de l’histoire, à l’ordre chronologique des faits. Il donne à entendre ceux qui l’ont vécue. Il mêle les petites histoires à la grande Histoire ». [1] Par sa voix, Patrick Kermann raconte le naufrage du Titanic, métaphore du naufrage d’un monde. Quel monde ? Celui du progrès de l’industrie : Le Titanic, gigantesque machine autoproclamée insubmersible, sombre à son premier voyage. Celui des inégalités sociales, de la guerre, des camps de concentration, de l’immigration, de la recherche du bonheur vers les United States of America. “Face à l’accélération de l’Histoire et de l’information, les événements du monde n’ont presque plus de réalité, de durée, de mémoire. Ils se succèdent si vite qu’ils n’ont même plus le temps nécessaire pour s’inscrire en profondeur dans notre conscience et, plus grave encore, dans notre inconscient.” [2].
La mémoire rejoint le présent. Giovanni Pastore est la figure qui symbolise les laissés-pour-compte. Ceux d’hier et ceux qui, aujourd’hui, traversent tous les dangers pour fuir la guerre ou la misère.
Sylvie Osman – Metteure en scène
[1] Mémoire de Pauline Laidet – Paris III Novembre 2003
[2] Patrick Kermann